26 septembre 2008

RESSENTI DE FILLE ET SAVOIRS

Je croyais que seuls les professionnels savaient et qu'à ce titre là moi aussi, en tant que gérontologue, je détenais tous les savoirs. Cependant, comme le chantait autrefois Jean GABIN, j'ai appris que face aux aléas de la vie, "maintenant, je sais qu'on ne sait jamais". (www.dailymotion.com/video/x3tge_jean-gabin-je-sais)

Quelle perte de repère quand votre parente ne s'exprime plus et souffre... Ah saleté d'Accident Vasculaire Cérébral, saleté de maladie...
En tant que famille improvisée "aidante" vous ressentez plus que vous ne comprenez sa souffrance. Son regard exprime au delà des mots, le mal qui la déchire... Vous n'êtes plus professionnelle de la gérontologie, vous êtes fille... avec toute la charge émotionnelle que cela suppose mais, à ce moment là, vous aussi, vous savez...
Vous savez qu'alors il faut combattre. Il faut combattre l'avis médical qui affirme qu'elle n'a aucune raison de souffrir, les paramètres physiologiques étant bons. Il faut combattre ceux qui la classent dans la catégorie "désorientée", mot pudique aujourd'hui pour ne pas dire "folle", alors que ce GIR 2, votre mère, qu'on a estampillé "dépendante" comprend beaucoup de chose, mais ne peut les exprimer, étant aphasique.
Vous luttez tant que vous arrivez à persuader l'équipe qu'il faut agir, car vous êtes, vous même, devenue la voix de cet être qui est désormais collé à votre esprit, collé à votre vie.
Quel bonheur quand les professionnels vous suivent et prennent en compte votre ressenti de fille. Je n'oublierai jamais ce médecin des Magnolias, le docteur Luquel qui, alors que je pleurais en affirmant que ma mère souffrait m'a dit : "Patricia, je vous suis, on va la soulager" et par cet acte lui a redonné vie. Je n'oublierai jamais les soignants et le personnel qui, au delà des mots non prononcés de ma mère, ont misé sur le plus, sur sa compréhension et agissent en "humanitude", je n'oublierai jamais, enfin, cette directrice combative, "Madame" Evelyne gaussens, en quête perpétuelle de toujours plus de qualité pour les résidents.
Le duo famille/professionnel est un duo gagnant quand chacun partage son savoir et sait remettre en cause ses a priori.
- Être famille, être professionnelle, ce n'est pas la même situation, mais c'est le même objectif : s'entendre, se comprendre pour agir ensemble pour le bien être de celui ou de celle qui a perdu son autonomie.
- Être professionnelle et famille, c'est avoir deux pieds séparés, l'un du côté du savoir gérontologique, de l'empathie, l'autre du côté du savoir impalpable : le ressenti, l'affectif...
Ces deux pieds situés sur deux territoires différents m'ont permis de trouver un équilibre entre deux connaissances aujourd'hui pour moi indissociables dans mon métier, dans ma vie, qui me font avancer... et ça, maintenant, je le sais.

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